Le passe-partout, souvent confondu avec la marie-louise, est un élément extrêmement important dans la composition d’un encadrement, peut-être plus important que le cadre lui-même. C’est un carton spécifique généralement compris entre 1,4 mm et 2,5 mm et qui a plusieurs utilités que nous allons détailler dans cet article. Il est généralement assemblé avec un support pour former ce que l’on appelle un portefeuille.

La première de ses fonctions est la plus intuitive à comprendre : l’esthétisme.
La couleur du passe-partout est souvent blanche mais elle peut être choisie en accord avec les couleurs présentes dans l’œuvre pour prolonger celle-ci. Il permet de « laisser respirer » l’image en y ajoutant des marges, la photographie est alors présentée au travers d’une fenêtre qui, la plupart du temps, est découpée en biseau. Cela crée une profondeur qui guide l’œil du spectateur sur l’œuvre. Le passe-partout apporte de la prestance, une élégance discrète qui met en valeur l’image par sa sobriété. C’est une remarque que nous font de nombreux artistes lorsqu’ils assistent à la mise sous passe-partout de leur photographie : le passe-partout valorise leur image.

La seconde utilité du passe-partout est un élément central : la conservation.
Il permet de protéger l’œuvre dans le temps. Un encadrement bien fait sera toujours beau le jour où il est réalisé, mais la conservation c’est un peu la face cachée de l’iceberg, c’est un critère invisible qui ne prend son sens que plusieurs années après le travail de l’encadreur. Comment l’encadrement va t-il vieillir ? L’acidité des adhésifs et des matériaux va t-elle abimer l’œuvre de manière irréversible au fur et à mesure du temps ? Les insectes ou la poussière peuvent-ils rentrer dans le cadre ?
La conservation est une problématique très importante dans notre métier, un encadrement se doit évidemment d’être bien fait et élégant, mais il doit aussi être réalisé de manière à ce que la conservation de l’œuvre encadrée se fasse dans les meilleures conditions. C’est ce que l’on appelle la conservation préventive : la mise en œuvre d’un savoir faire autour de matériaux sélectionnés avec soin, le tout dans un but précis : faire en sorte que ce qui existe aujourd’hui existe encore dans plusieurs décennies.
Ainsi le choix des matériaux est primordial, du scotch acide, un passe-partout de mauvaise qualité ou une mauvaise technique de montage sont autant de facteurs qui peuvent ruiner complètement la conservation d’une œuvre précieuse.
Enfin, le passe-partout permet à la photographie de ne pas être au contact du verre, ce qui est fortement déconseillé. Sur le long terme un tirage au contact de la vitre peut en effet resté collé à celle-ci à cause de la condensation pouvant se former à l’intérieur du cadre.

Lorsque la présentation est réalisée sans marge, le passe-partout recouvre toujours une petite partie de l’image pour anticiper les mouvements de contraction et de dilatation du papier. L’œuvre n’est jamais collée au passe-partout, il est simplement posé sur celle-ci.

Nous utilisons principalement des passe-partout Artcare, exempts de bois et de lignine, pH légèrement alcalin (8,9) et tamponnées au carbonate de calcium pour permettre une réserve alcaline. Pour finir, ils disposent d’une technologie « micro-chamber » permettant l’absorption active des polluants atmosphériques et ainsi de garantir une meilleure conservation à l’œuvre.